Fraternité, conte fantastique
Articles / 7 janvier 2023

J’ai eu la chance début décembre d’assister à l’une des représentations données au théâtre Olympia à Tours du spectacle Fraternité, Conte Fantastique de Caroline Guiela Nguyen. C’est la première fois que je me rendais à un spectacle au théâtre Olympia, ne connaissant cet endroit que de nom, en tant que lieu d’expression du théâtre contemporain.J’ai été très agréablement surpris par la mise en scène, capable d’animer les planches de nombreux effets spéciaux, projections vidéos, éclairages, illusion d’un monde intérieur et extérieur, sous-titres vivants intégrés au décors, facilitant l’immersion dans une œuvre à mi-chemin entre la science-fiction et le fantastique. Suite à une mystérieuse éclipse, la moitié de la population terrestre a disparu, entraînant les rescapés à fréquenter des centres de soins pourvus de drôles de cabines où ils peuvent laisser des messages à leurs chers disparus. D’origine vietnamienne, on comprend au travers de l’œuvre de sa créatrice, la référence notamment aux tristes événements qu’a pu connaître ce pays et le Cambodge tout proche dans la deuxième moitié du XXème siècle. Cette pièce date d’avant la période Covid, et pourtant, étonnante coïncidence, on pourrait penser qu’elle ne cesse d’y faire allusion, au travers des disparus – les morts, les confinés -,…

La toile entre les mondes – Charles Sheffield
Livres / 24 novembre 2019

La toile entre les mondes est un sympathique petit roman américain de science fiction. Il présente surtout l’intérêt d’être l’un des premiers – au même moment que les Fontaines du Paradis d’Arthur C. Clarke comme l’indique ce-dernier dans la préface – a avoir évoqué l’ascenseur spatial. L’essentiel du livre aborde le sujet de la construction d’un ouvrage d’art extraordinaire permettant d’aller très simplement dans l’espace sans utiliser de fusée. L’idée de l’ascenseur spatial est d’utiliser le principe – déjà employé en partie par les satellites géostationnaires – de relier par un câble un point du sol terrestre avec une masse de contrepoids située à l’altitude géostationnaire. On rappelle que l’altitude géostationnaire est une orbite où la position de l’objet reste fixe par rapport au sol. Le roman raconte donc la mise en place d’un tel artefact à la proximité de la ville de Quito, car elle est située sur l’équateur, avec pour contrepartie céleste un astéroïde ramené de la ceinture idoine. Le héros, Rob Merlin, un architecte, sera accompagné dans cette tâche fantastique par les moyens d’un milliardaire, Régulo, ayant fait fortune dans le transport spatial. Si ce roman reste une œuvre simple, il pose les bonnes questions concernant l’accès…

En quête d’éternité – Greag Bear
Livres / 10 août 2018

Ce livre de science-fiction est écrit par le romancier américain Greg Bear. Il est marié avec Astrid Anderson la fille de l’écrivain Poul Anderson. En quête d’éternité est un livre à suspens qui se lit rapidement tant le besoin de tourner les pages pour avancer dans l’histoire se fait sentir. Le héros Hal Cousins, est un scientifique, qui mène des recherches sur l’allongement de la vie. Il va se trouver mêlé avec son frère jumeau à un complot d’une rare ampleur qui le dépasse. Ce roman scientifique se veut divertissant et présente l’intérêt de traiter de thèmes modernes sur la biologie, la génétique et le rôle des bactéries. On regrettera une abondante violence dans cette aventure, les cadavres sont nombreux au détours des pages, même s’ils sont seulement d’encre et de papier.

Phare 23 – Hugh Howey
Livres / 3 mai 2018

Hugh Howey est un auteur américain de science-fiction qui s’est fait connaître par son œuvre Silo qu’il a au départ auto-édité sur Internet et qui a eu un immense succès. Ce nouveau roman de Hugh Howey est très plaisant. Phare 23 tient absolument de la métaphore de ce qui constitue un phare en mer transposé dans l’espace. A l’heure où de nos jours les phares sont récemment devenus automatisés, Hugh Howey ressuscite dans les profondeurs de la galaxie la nécessité d’un gardien de phare pour assurer la continuité de service et la sécurité aux vaisseaux voyageant à des vitesses supérieures à celles de la lumière. Avec cette idée simple et originale, Hugh Howey réalise un excellent roman de science-fiction. La nostalgie d’un monde passé, celui des phares et de leur gardien, des exploits qui y étaient associés, transposé dans un futur intergalactique fantasmé, pas réaliste, mais tellement vrai, entraîne le lecteur dans une aventure digne de l’âge d’or de la science-fiction. Comme les réflexions solitaires du héros, gardien du phare solitaire et déjanté, en bon livre de science-fiction, aux travers des événements trépidants qui parsèment l’histoire, ce livre soulève des questions philosophiques, auquel chacun trouvera les réponses appropriées. En tout…

Le Roi d’Ys – Roma Mater – Les Neuf Sorcières – Poul et Karen Anderson
Livres / 8 mars 2018

Poul Anderson est un auteur américain de science-fiction très connu, classé comme conservateur, au point que cela lui a valu une censure de gauche en France dans les années 70. Ses ouvrages sont souvent très dynamiques, positifs et amusants. Son œuvre la plus célèbre est la série de la patrouille du temps où le héros, agent de la police temporelle, traque les bandits cherchant à modifier l’Histoire. La culture de Poul Anderson transforme ces histoires fantaisistes en véritable romans historiques car on s’y réfère bien à la véritable Histoire. D’origine scandinave, l’auteur était également passionné par la culture viking et les antiques religions païennes. On retrouve tous ces traits de l’auteur dans Roma Mater, écrit en collaboration avec sa femme. Le Roi d’Ys – publié en deux tomes Roma Mater et Les Neufs Sorcières – est un livre étonnant et même perturbant. L’action se déroule à l’époque de la fin de l’empire romain. On y suit la vie du personnage principal Gratillonius, un centurion romain, disciple de Mithra, posté près du mur d’Hadrien et sommé de rejoindre l’Armorique en Gaule accompagné de sa troupe de légionnaire, pour devenir le préfet de la mystérieuse ville d’Ys. L’Histoire est omniprésente dans cet…

Metro 2035 – Dmitry Glukhovsky
Livres / 5 novembre 2017

Métro 2035 est le troisième tome d’une série précédée de Métro 2033 et Métro 2034 de l’écrivain Russe Dmitry Glukhovsky. Né en 1979 à Moscou, journaliste, il a étudié les relations internationales à Jérusalem, et a travaillé pour les chaînes de télévision Russia Today, Euronews et la Deutsche Welle. Métro 2033 est un best-seller mondialement connu qui a même été décliné en jeu-vidéo. Dans ce dernier épisode, 2035, on retrouve à nouveau le héros Artyom et l’univers du métro de Moscou, où vivent les survivants de l’apocalypse qui a frappé le monde des années plus tôt. Persuadé d’avoir capté un message radio prouvant qu’il existe d’autres survivants ailleurs que dans le métro, Artyom quitte la station VDNKh en compagnie d’Homère – un vieille homme souhaitant rédiger l’Histoire du Métro – en espérant trouver des preuves de contacts extérieurs. Comme dans les précédents ouvrages, s’en suit un périple a travers le métro où l’on retrouve avec plaisir sa monnaie locale, la balle de kalachnikov, ses territoires politiques, la Hanse, Polis, la ligne Rouge et le Quatrième Reich, son armée secrète, l’Ordre et les élites qui tirent les ficelles du pouvoir. Comme souvent dans une suite, on n’a pas la surprise de…

Un bonheur insoutenable – Ira Levin
Livres / 7 octobre 2017

Ce roman de science-fiction d’Ira Levin date de 1970. A la manière du meilleur des mondes, de Farenheit 451, ou de 1984, Ira Levin décrit une société totalitaire et globale, dont le héros tentera d’échapper. Tant de livres sur ce type de société existent au point que l’on peut se demander ce qu’ils apportent de plus à cette thèse totalitaire. Il s’agit toujours au final de dénoncer l’époque contemporaine et ce qu’elle pourrait devenir. Sans doute chaque œuvre touche à un point particulier du problème sociétal actuel. Là où les uns mettent l’accent sur le clonage, l’ordre apparent, la propagande, un bonheur insoutenable possède un côté cynique et très amusant. En effet, dans le monde qu’il décrit, tout le monde est heureux ! Et d’ailleurs si l’on se sent mal, on se doit d’aller consulter le psychologue qui saura, à l’aide de force drogues nous remettre dans le droit chemin. Bien sûr, il est conseillé de dénoncer ses camarades, pour leur bien évidemment. Ira Levin poursuit loin sa réflexion dans ce roman qui s’avère très dynamique et même cinématographique. Plus positif que d’autres ouvrages du même genre, le héros Copeau ou LI RM35M4419, saura faire preuve de beaucoup d’innovations et de…

Les étoiles s’en balancent – Laurent Whale
Livres / 16 septembre 2017

On rigole bien avec les derniers avions et ULM dans la France post-apocalyptique ! Non sans rappeler la série de l’autoroute sauvage de Julia Verlanger, Laurent Whale nous narre des aventures aériennes dans une France – et plus particulièrement une région parisienne – d’après crise. Le héros, Tom Costat est un des rares pilotes d’ULM qui fait la route, au mépris du danger, entre les restes d’agglomération entourées de murs et des zones sauvages omni-présentes. Si le sujet peut paraître sérieux, et les petits articles des médias des années 2030 qui rappellent l’époque actuelle y font penser, Laurent Whale a écrit un roman détendant. Par exemple, par un subterfuge littéraire, il a fait disparaître le sujet religieux. On est donc bien dans un récit post-apocalyptique avec tout ce que l’on peut imaginer d’attenant, mais pas dans un roman réaliste au détail près. Les étoiles s’en balancent est un divertissement agréable même s’il se permet de tirer la sonnette d’alarme. C’est aussi le message très sympathique du roman : malgré l’adversité, il faut garder bon moral. Il y aura toujours des difficultés que nous prendront plaisir à surmonter en nous amusant. Il y aura l’amour aussi et des avions, faut-il ultra-légers, pour voler !

Anges de fer, paradis d’acier – Serge Brussolo
Livres / 14 septembre 2017

Ce roman se lit parfaitement indépendamment de Frontière Barbare dont il est la suite. Au travers de l’humour, de l’absurde et de la science-fiction, Brussolo nous fait voyager dans un monde haut en couleur, exubérant et fou, en compagnie de David Sarella, quinquagénaire rajeuni et seule personne à peu près normale dans cet univers dominé par le clone du pape Nothanos III, des entités divines égoïstes, et une bizarre planète sauvage et inhabitable. Anges de fer, paradis d’Acier est, on le devine, une satire de l’époque contemporaine où les égoïsmes individuels encouragent à vouloir sans limite tout et n’importe quoi. Ainsi on s’amuse beaucoup de ces jeunes adolescents auxquels une nouvelle loi permet de vieillir prématurément pour ne pas avoir à subir le diktat de leurs parents adultes, ou de ces transformistes qui souhaitent, au nom de leur droit personnel, devenir arbre millénaire ou chute d’eau. L’église et le pape décrit par Brussolo ne sont pas chrétiens, mais chacun et en particulier les chrétiens saura apprécier les plaisanteries de bonne guerre sur l’église du Pardon Universelle Intergalactique. Nous vivons une véritable époque d’égoïsme et de folie. Cette folie a de quoi faire perdre ses repères. Brussolo a su magnifier notre…